Net zero emissions – Au-delà de la réduction des émissions

Comme mentionné précédemment, SBT élabore actuellement une définition et un cadre international pour les entreprises souhaitant tendre vers « zéro émissions nettes », en ligne avec le scénario 1.5°C. Les guidances sont en cours de définition et constitueront un jalon clé dans l’action climatique future des entreprises.
Arriver à la situation Net zero emissions pour une entreprise nécessite généralement d’aller au-delà de la réduction des émissions. Il s’agit de la troisième étape du processus, après avoir réalisé un bilan carbone et défini une stratégie de réduction (cfr. articles « Comment mesurer ses émissions de gaz à effet de serre et quel périmètre prendre en compte ? » et « Stratégie de réduction : quelle ambition viser en 2030 ou 2050 ? »).
Atteindre une situation Net Zero emissions implique de parvenir à un état où les activités de la chaîne de valeur de l’entreprise n’entraînent aucune accumulation nette de dioxyde de carbone et d’autres émissions de GES dans l’atmosphère1. Pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1.5°C, il faut atteindre cet état en 20502.
Il faut donc bien distinguer le terme « zéro émissions nettes » de celui de « neutralité carbone ou climatique », actuellement utilisé par les entreprises qui compensent leurs émissions résiduelles avec une quantité équivalente de crédits carbone, mais qui n’assure en rien que l’entreprise a suffisamment réduit ses émissions en amont.

Concrètement, l’atteinte d’un niveau zéro émissions nettes pour les entreprises implique deux conditions :
• Une réduction des émissions de la chaine de valeur de l’entreprise à un rythme compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris ;
• La séquestration carbone des émissions incompressibles. Il s’agit donc de neutraliser l’impact de toute source d’émissions résiduelles qu’il n’est pas possible d’éliminer en supprimant de manière permanente une quantité équivalente de dioxyde de carbone atmosphérique.
Par ailleurs, bien que la compensation volontaire ne soit pas acceptée comme moyen de réduire les émissions par le comité SBT, ce mécanisme peut être utilisé temporairement par une entreprise durant sa transition vers la situation Net Zero (c’est-à-dire entre le moment où elle entreprend de réduire ses émissions et celui où elle arrive à la situation Net Zero).

Figure 1: Approche Positive pour le Climat et stratégies d’atténuation. Basé sur les documents Net Zero de SBTi.
Séquestration carbone
La séquestration ou neutralisation carbone consiste à retirer une tonne de CO2e dans ou en dehors de la chaine de valeur. Ce mécanisme est assez récent et plusieurs types de projets de séquestration carbone sont en cours de développement en Belgique et ailleurs. Il peut s’agir de séquestration industrielle (ou artificielle) via des technologies de captage de CO2 (de l’atmosphère ou à la source d’émission), mais également de séquestration biologique (ou naturelle) grâce au stockage dans les sols ou par les arbres. La description précise des projets de neutralisation acceptés ainsi que les critères minimums requis (permanence, garanties sociales et environnementales, etc.) seront précisés dans les mois à venir.
Compensation volontaire
Le concept de compensation est dérivé des systèmes d’échange de droits d’émissions. Dans cette perspective, des organisations peuvent acheter des crédits carbones qui garantissent que des émissions correspondantes ont été évitées ou séquestrées le plus souvent par une autre organisation dans le cadre d’un projet situé en dehors du périmètre de l’inventaire des émissions de l’acheteur. La compensation basée sur de tels projets, généralement situés dans des pays en transition ou en développement, permettait de financer des projets de réduction d’émission dans des pays qui n’étaient pas soumis à un plafond d’émission dans le cadre du Protocole de Kyoto.
Aujourd’hui toutefois, la situation a changé. Depuis l’Accord de Paris en 2015, tous les pays industrialisés, en transition ou en développement, doivent plafonner leurs émissions et revoir régulièrement leur niveau d’ambition de réduction. Il n’y a donc plus vraiment « d’ailleurs » où les pays industrialisés ou les organisations peuvent délocaliser leur effort de réduction. D’autre part, la science est claire sur le fait que les réductions nécessaires sont significativement plus importantes que celles prévues à l’époque de l’initiation du protocole de Kyoto : les émissions mondiales doivent atteindre « zéro émissions nettes » peu après 2050. S’appuyer sur des réductions hors de son périmètre ne fait donc que postposer le défi de réduire ses propres émissions.
Le rôle de la compensation volontaire dans le cadre de la fixation d’objectifs Net Zero SBT pour les entreprises est complémentaire mais facultatif. Des précisions sur certains aspects, notamment la définition d’un prix de référence du carbone, sont en cours de discussion.
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1 https://sciencebasedtargets.org/wp-content/uploads/2019/10/Towards-a-science-based-approach-to-climate-neutrality-in-the-corporate-sector-Draft-for-comments.pdf
2 L’initiative SBT précise toutefois l’obligation de fixer un objectif intermédiaire avant 2050.
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