Le secteur du bâtiment et de l’immobilier contribue de manière significative aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, représentant 34% de la consommation finale d’énergie mondiale. Compte tenu de son impact substantiel, la réduction de son empreinte carbone est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris et maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C. (AIE, 2023)
Pourquoi est-il essentiel de décarboniser le secteur du bâtiment ?
Les nouveaux bâtiments intègrent généralement des technologies avancées en matière d’efficacité énergétique. Cependant, environ 80 % du parc immobilier actuel sera encore utilisé en 2050 (WEF, 2022), ce qui signifie que la décarbonisation des bâtiments existants est cruciale. La rénovation et l’amélioration de l’efficacité énergétique de ces bâtiments existants offrent une alternative à la construction de nouveaux bâtiments, en réduisant l’empreinte carbone associée aux matériaux et aux processus de construction.
En outre, le secteur du bâtiment génère également des émissions fugitives, notamment par le biais de fuites dans les systèmes de refroidissement. La réduction de ces émissions est essentielle pour atteindre le niveau zéro.
En intégrant les principes de circularité dans la conception des bâtiments, les émissions de carbone provenant des matériaux pourraient être réduites de 38 % d’ici à 2050, ce qui souligne l’importance de concevoir des bâtiments durables dès aujourd’hui. (Fondation Ellen Macarthur, 2020)
Scénarios de décarbonisation dans le secteur du bâtiment
Pour réduire les émissions du secteur, deux grands types de scénarios de décarbonisation sont envisagés.
Le principal défi consiste à trouver un équilibre entre la nécessité de réduire les émissions d’énergie opérationnelle – grâce à une meilleure isolation, des matériaux et des technologies de pointe – et le fait que ces mêmes matériaux augmentent souvent le carbone incorporé, qui doit lui aussi être réduit. Le choix des matériaux est donc un élément clé de cette trajectoire.
1. Réduire les émissions opérationnelles
Les émissions opérationnelles proviennent de l’énergie utilisée pour faire fonctionner les bâtiments, en particulier pour le chauffage, la climatisation, l’éclairage et l’alimentation des équipements. Ces émissions peuvent être réduites en améliorant l’efficacité énergétique, en utilisant des énergies renouvelables et en optimisant les systèmes de gestion de l’énergie.
2. Réduire le carbone incorporé
Le carbone incorporé fait référence aux émissions générées tout au long du cycle de vie des matériaux de construction, de la production au traitement en fin de vie. Ce type d’émissions est particulièrement important, car il représente une part substantielle de l’empreinte carbone globale des bâtiments.
Cadre législatif et réglementaire
Les réglementations jouent un rôle décisif dans l’accélération de la décarbonisation du secteur du bâtiment. En Europe, plusieurs directives imposent des normes strictes en matière d’efficacité énergétique et de durabilité dans le secteur du bâtiment, notamment le Green Deal européen et la directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD). Ces réglementations encouragent la rénovation des bâtiments et la réduction des émissions opérationnelles en fixant des normes minimales pour la performance énergétique des bâtiments neufs et existants.
D’autres initiatives, telles que la directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), exigent des entreprises qu’elles déclarent leurs émissions de gaz à effet de serre et qu’elles démontrent leurs efforts pour les réduire. Ce cadre réglementaire encourage les acteurs du secteur à adopter des pratiques de construction à faible émission de carbone et à améliorer la transparence de leurs impacts environnementaux. La taxonomie de l’UE favorise également une plus grande transparence en termes d’investissements verts, ce qui aidera les investisseurs et les institutions financières à orienter leurs investissements vers des bâtiments respectueux du climat. Cela soutient les objectifs de neutralité climatique de l’Union européenne et contribue à la création d’un environnement bâti plus durable.
La décarbonisation du secteur du bâtiment représente un défi majeur, mais aussi une opportunité de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre. En améliorant l’efficacité énergétique, en intégrant des matériaux durables et en répondant aux exigences législatives, les entreprises de construction peuvent jouer un rôle clé dans la transition vers une économie à faible émission de carbone. L’engagement de l’industrie, soutenu par des objectifs scientifiques et un cadre réglementaire solide, est essentiel pour créer des villes et des infrastructures durables pour les générations futures.
Risques climatiques pour le secteur du bâtiment
Le monde est actuellement plus chaud de 1,2 °C par rapport aux niveaux préindustriels (OMM, 2024). Malgré des efforts d’atténuation renforcés – l’UE a réduit ses émissions nettes de 37 % par rapport aux niveaux de 1990 (UE, 2024) – même les scénarios les plus optimistes prévoient un réchauffement d’au moins 1,5 °C d’ici 2030 à l’échelle mondiale (NGFS, 2024). La Belgique n’est pas épargnée par le changement climatique et se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale.
Avec l’augmentation des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations et les inondations deviennent plus fréquents et plus intenses. Le secteur du bâtiment est particulièrement vulnérable à ces risques, notamment les inondations, les sécheresses et les affaissements de terrain, tout en contribuant à leur exacerbation du fait de l’urbanisation.
Au-delà des risques physiques, le changement climatique présente à la fois des défis et des opportunités liés à la transition vers une économie à faible émission de carbone. Conformément au Green Deal de l’UE, la Belgique vise des émissions nettes nulles d’ici 2050, ce qui nécessite des réductions significatives dans tous les secteurs, y compris celui du bâtiment. Cette transition pose des défis tels que les changements réglementaires et les besoins d’investissement, mais elle offre également des opportunités pour la construction durable et économe en énergie, qui peut atténuer les risques climatiques et stimuler la croissance.
Source :
Initiative Science Based Targets. (n.d.). Secteur du bâtiment : Orientations scientifiques pour la fixation d’objectifs. https://sciencebasedtargets.org/resources/files/SBTi-Buildings-Sector-Explanatory-Document.pdf
Commission européenne (UE, 2024). Rapport d’avancement de l’action climatique de l’UE 2024. Récupéré de https://climate.ec.europa.eu/document/download/d0671350-37f2-4bc4-88e8-088d0508fb03_en
Réseau pour l’écologisation du système financier (NGFS, 2024). Scénarios à long terme du NGFS pour les banques centrales et les autorités de surveillance. Retrieved from https://www.ngfs.net/sites/default/files/medias/documents/ngfs_scenarios_main_presentation.pdf
Organisation météorologique mondiale (OMM, 2024). État du climat mondial 2023. Tiré de https://library.wmo.int/viewer/68835/download?file=1347_Global-statement-2023_en.pdf&type=pdf&navigator=1
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