Pourquoi les données climatiques sont-elles importantes ?
Les données climatiques sont la pierre angulaire de la réponse mondiale au changement climatique. À une époque marquée par l’intensification des impacts climatiques, l’importance de disposer de données précises et complètes sur le climat devient encore plus prononcée. Il constitue le fondement de l’évaluation des risques, de l’identification des opportunités et de l’orientation des investissements vers des activités plus durables et résilientes.
En outre, ces données constituent la base pour naviguer dans un paysage de plus en plus façonné par des exigences croissantes en matière d’information environnementale, telles que la directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), l’IFRS-S et d’autres. Ces dernières années ont également été marquées par des attentes accrues des autorités de surveillance en matière de gestion des risques climatiques et environnementaux. Ces cadres réglementaires soulignent l’impératif pour les entreprises et les institutions financières d’intégrer les données climatiques dans leurs processus de prise de décision.
Les données climatiques ne sont donc plus seulement un outil de prévision des phénomènes météorologiques extrêmes ou de compréhension des changements environnementaux à long terme, mais un atout essentiel pour la conformité, la gestion des risques et la planification stratégique, qui permet d’ aligner les efforts mondiaux sur un avenir résilient et durable.
Comprendre le manque de données sur le climat
Les données climatiques jouent un rôle essentiel dans la résolution des problèmes urgents posés par le changement climatique. Les gouvernements, les entreprises et les organisations s’appuient de plus en plus sur ces données pour formuler des politiques climatiques, évaluer les risques et orienter les investissements durables.
Pourtant, le manque de données sur le climat persiste. Le manque de données climatiques fait référence à l’insuffisance et à la fragmentation des données disponibles pour évaluer les risques et les opportunités liés au changement climatique. Cette lacune résulte souvent de problèmes tels que des données historiques incomplètes, des méthodes de collecte de données médiocres, l’absence d’indicateurs et de méthodologies normalisés pour l’évaluation des risques climatiques, une couverture de données limitée, une qualité de données incohérente, etc.
À cet égard, la recherche de données plus précises et plus granulaires est devenue un défi important pour les organisations. Si la nécessité de disposer de données détaillées sur des lieux géographiques spécifiques et des facteurs sensibles au climat est évidente, l’obtention de cette granularité pose des défis en termes de méthodologies de collecte de données et de normalisation.
Les institutions financières n’ont pas souvent un accès direct aux informations de leurs contreparties. À cet égard, les organisations s’appuient et se tournent souvent vers des mandataires et des fournisseurs de données de tiers. Les institutions financières ont également commencé à s’attaquer à ce dernier problème en s’adressantà leurs clients pour obtenir des informations plus précises et plus granulaires , telles que les émissions de GES, les données de localisation géographique, les certificats de performance énergétique, etc. Cependant, cela peut conduire à une énorme quantité de données dont la qualité et la granularité sont incohérentes, et qui sont acheminées par différents canaux et départements. En outre, un trop grand nombre de questions et de demandes peut nuire aux relations avec les clients.
Relever le défi des données climatiques : une approche nuancée
Pour combler le déficit de données climatiques, il faut non seulement améliorer l’infrastructure et la coordination de la collecte de données, mais aussi s’attaquer aux difficultés liées à l’obtention de données plus granulaires et plus précises afin de mieux comprendre les subtilités de notre climat en constante évolution et d’y répondre.
Les institutions financières sont confrontées à un défi de taille : comment concilier efficacement les exigences croissantes en matière de rapports sur le climat, le besoin de données plus granulaires et plus précises, et les défis posés par la rareté des données fiables ?
Dans ce contexte, David Carlin, responsable des programmes sur les risques climatiques de l’IF du PNUE, a souvent souligné, dans ses récents discours, la nécessité d’adopter une approche nuancée pour combler le manque de données sur le climat, en s’appuyant sur trois thèmes clés :
- Embrasser l’information imparfaite :
Les données climatiques traitent essentiellement de l’incertitude, un aspect inhérent à la finance et à la gestion des risques. Reconnaissant que les prévisions sur l’avenir sont intrinsèquement limitées, on passe de l’obtention de données granulaires sur des facteurs spécifiques à l’adoption d’une vision holistique. Les données climatiques deviennent un outil permettant de découvrir les incertitudes, d’identifier les risques manqués et de révéler des informations qui auraient pu être négligées. Les institutions financières peuvent ainsi se préparer aux éventualités et avoir une vision plus large de l’évolution du paysage climatique.
- Utiliser des données climatiques utiles :
L’utilité des données climatiques ne réside pas dans leur volume, mais dans leur capacité à façonner les décisions et à transformer les perspectives. Plutôt que de se noyer dans les données pour elles-mêmes, les institutions financières devraient rechercher des données qui remettent en question les hypothèses, les confirment ou les infirment, et qui guident la prise de décision. Dans le domaine du climat, cela signifie qu’il faut identifier les domaines où l’action climatique se renforce et mettre en évidence les risques potentiels sur le plan physique. Les données climatiques utiles servent de catalyseur pour des décisions éclairées, révélant des informations qui pourraient autrement rester cachées.
- Devenir des utilisateurs actifs de l’information :
Le véritable impact des données climatiques réside dans la manière dont elles influencent la prise de décision et les actions. Il ne s’agit pas d’un simple rapport, mais d’un engagement actif. Les institutions financières doivent évaluer la manière dont les chocs liés au climat se répercutent sur leurs organisations, influençant les risques, les revenus, les coûts, etc. Cela implique d’identifier les actifs sensibles au climat qui pourraient ne pas être pris en compte, de comprendre les critères de prise de décision et d’améliorer continuellement les processus. En outre, les données climatiques sont essentielles pour évaluer la matérialité de l’impact des institutions financières. La matérialité de l’impact se réfère à la mesure de l’impact des actions d’une entreprise sur le monde. Dans ce contexte, les données doivent être utilisées non seulement pour identifier les risques matériels, mais aussi pour s’assurer que les organisations vont dans la bonne direction (par exemple, en termes de décarbonisation du portefeuille ou de réduction des émissions financées). La collecte de données n’est pas une fin en soi ; c’est un moyen de favoriser la transition en intégrant l’information dans les processus de prise de décision et en suivant les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs définis
En conclusion, l ‘objectif de réduire le déficit de données sur le climat ne consiste pas seulement à recueillir des informations, mais aussi à les utiliser activement pour mettre en place des pratiques durables. Les institutions financières doivent définir clairement l’utilisation des données, remodeler les relations avec les clients, gérer efficacement les risques et mieux comprendre l’inconnu. Les données climatiques, au cœur du développement durable, deviennent une force dynamique lorsqu’elles sont associées à des processus qui encouragent l’amélioration continue. En adoptant ces trois thèmes, les institutions financières peuvent relever les défis posés par l’imperfection de l’information et exploiter la puissance des données climatiques pour un avenir résilient et durable.
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